mardi 9 octobre 2007

Fonction Publique... Il n'y a pas débat !

Le 1er octobre est à marquer d'une pierre blanche car il donne le coup d’envoi du Grand débat national sur la Fonction Publique, dans le cadre du pacte "Services Publics 2012".

Chaque citoyen est appelé à contribution pour donner un sens à la plus grande corporation française, aux effectifs pléthoriques et à l'efficacité contestée.
Cette consultation se fait sur le modèle de démocratie participative, chère à Mme Royal, qui a perdu, rappelons le si besoin en était, l'élection présidentielle, illustrant que les français n'adhèrent pas à cette conception de la politique qui n'a d'autre finalité que de masquer la vacuité des idées de ceux qui la mettent en œuvre.

Quel rôle les francais veulent-ils voir jouer à la Fonction Publique de demain? La question est posée mais appelle-t'elle réellement une réponse et ceux qui la posent veulent-ils réellement l'entendre ?

Les services publics, Lapalissade, doivent être au service du public, à savoir :

Ouverts quand les usagers sont disponibles.
Aujourd'hui ce sont les usagers qui se rendent disponibles pour les services publics (qui n'a pas pris "des jours" pour telle ou telle démarche administrative).

Efficaces et accueillants.
Les deux vont de paire car l'incompétence rend agressif (qui n'a pas perdu patience devant les sonneries sans fin des téléphones, le ballottement d'un service à l'autre ou encore le guichet désert alors que deux « agents » évoquent avec force détails les prouesses du petit dernier au mépris de la file d'attente entrain de s'allonger)

Rapides et compétents.
Obtenir l'information pertinente (elle varie souvent selon l'interlocuteur) et dans de brefs délais.
En effets, les effectifs pléthoriques de la Fonction Publique créent une démultiplication des intervenants qui pour exister doivent justifier de leur utilité en inventant toujours plus de règles et autres contraintes à l'origine de dysfonctionnements et ralentissements qui n'augmentant pas pour autant le niveau de qualité du service rendu sont fortement préjudiciables à la collectivité.
Disponibles et continus.
Mettre un terme aux grèves à répétition, aux arrêts de travail et autre ponts à rallonge (par exemple lorsque les écoles font le "pont" aux mépris de l'intérêt des parents qui ne le faisant pas doivent déployer des efforts de créativité pour faire garder les enfants, voire prendre des jours de vacances si l'entreprise le peut et l'accepte).

Mais ce débat est totalement biaisé car il ne porte en fait que sur une seule revendication, éternelle antienne : l'augmentation des salaires que les fonctionnaires, qui se posent en victimes et se prétendent éternellement sous-payés, veulent voir systématiquement augmentés, sans aucune contrepartie (voir la contribution d’Alain Lambert : http://www.alain-lambert-blog.org/index.php?2006/01/15/315-fonction-publique-ne-pas-ceder).

Le Figaro Magazine (les privilégiés de la République) publiait début août une étude dans laquelle il ressortait que les salaires de la fonction publique étaient en moyenne de 10% supérieurs à ceux du secteur privé, fait unique dans les pays de l'OCDE. Alors, les discours larmoyants sur le besoin de considération des personnels et de valorisation des métiers ne sont que poudre aux yeux destinés à mieux faire passer la pilule d'intérêts catégoriels entièrement centrés sur la rémunération et la défense d'avantages acquis.

La France est malade de trop d'Etat qui en intervenant pour tout, non seulement paralyse mais déresponsabilise avec toutes les conséquences néfastes sur les déficits et la croissance.

Pour rendre l'Etat plus performant, il faut :
Réduire les effectifs de façon massive pour améliorer la productivité et retrouver un ratio coût/efficacité des services rendus de bonne qualité.
Remettre les agents publics au service des citoyens en les plaçant en phase avec leurs attentes
Ouvrir tardivement les administrations y compris le samedi
Réduire le nombre d'intervenant pour accélérer les processus
Supprimer les avantages indus : régime de retraites spéciaux, comités d'entreprise richissimes abondés par nos impôts (EDF, SNCF...), nombre d'heures travaillées (RATP...)...
Supprimer les augmentations de salaires automatiques et les conditionner à la performance.
Et surtout, car ce super privilège n'a plus aucune raison d'être aujourd'hui que les traitements sont supérieurs au secteur privé, permettre à l'Etat de licencier les fonctionnaires incompétents.
Réformer le monopole syndical réservé aux 5 centrales (système vieux de 40 ans et totalement anachronique dans notre société moderne) pour pouvoir enfin entreprendre un dialogue constructif et sortir des éternelles menaces de paralysie.

Mais trève d'utopie, cela n'arrivera pas. La Fonction Publique est une caste à part, preuve en est un des thèmes du débat sur le pouvoir d’achat des fonctionnaires.

Pourquoi pas un Grand Débat sur le pouvoir d’achat des francais ? C'est une illustration supplémentaire du corporatisme francais, né de l'après-guerre, qui nous a conduit à l'impasse dans laquelle nous nous sommes enfermés aujourd'hui.

Ainsi, cette grande et couteuse « kermesse » n'aboutira, comme toujours car c’est sa finalité mais présentée différemment, qu'à une augmentation générale des salaires que l'on qualifiera de grande victoire car négociée et limitée .

Et pourtant, une grande Nation a besoin de services publics forts, facilitateurs de création de valeur. Les travaillistes anglais ont su restructurés avec succès leur service de l'Education, des Transports et leur système de soins, totalement désorganisés après les années Thatcher (qui a sa décharge avait tant à réformer qu'elle avait dû définir des priorités au risque de dommages collatéraux ponctuels) sans pour autant rétablir la preéminence absolue de l'Etat dans tous les secteurs.

Les services publics sont un moyen pas une contrainte.

lundi 1 octobre 2007

Egalité des chances et égalitarisme scolaire

Les coordinations et syndicats d'étudiants sont toujours prompts à s'opposer à toute tentative de réforme de l'Education Nationale au prétexte de la remise en cause de l'égalité des chances et de la solidarité (cf. art du Monde vendredi 28/09/07).

Pourtant, les leaders étudiants s'ils font correctement leur travail et analysent les résultats sur les 50 dernières années constateront deux choses essentielles :

Le nombre de diplômés des grandes écoles issus des classes défavorisées est en baisse constante (voir les palmarès des promos de l'ENA, Science Po...).

Le niveau enseignement et la valeur des diplômes sont en baisse constante (cf. art du Monde vendredi 28/09/07).

Or, les effectifs de l'Education Nationale sont pléthoriques et le budget qui lui est consacrée est colossal.

Pourquoi alors, devant un tel constat d'échec, continuer dans cette voie ?

Parce que les français ont peur de la compétition, leur aversion à la mondialisation le prouve tous les jours, ce qui les conduits à vouloir gommer toute forme d'évaluation et de sélection pour ne pas avoir à affronter la dure réalité du niveau réelle de compétence.

Le système français les y autorise puisqu' au nom de la sacro sainte "égalité des chances", tout le monde DOIT avoir droit à l'Université.

De fait, nombreux sont les étudiants qui errent de filières en filières, sans avoir à rendre de compte au citoyen qui finance leurs études par ses impôts, et qui après x années d'études plus ou moins réussies se retrouvent inemployables face à une concurrence mondiale qui elle n'a pas de frontières et recherche les talents là où ils se trouvent.

Ainsi, fort de leur tropisme à s'opposer à tout changement (où est la jeunesse entreprenante et idéaliste ?), les leaders syndicaux étudiants, dont beaucoup préparent leur carrière politique (F. Hollande et H. Désir, pdts de l'UNEF ID pour ne citer qu'eux, sont passés par là - Julliard rejoindrait Delanoe selon certaines sources), sacrifient les étudiants les plus défavorisés sur l'autel de la médiocrité et de l'hypocrisie.

La carte scolaire est régulièrement contournée (30%)

Les étudiants fortunés accèdent aux écoles privées et grandes écoles quand les autres se satisfont de l'Université.

Les recruteurs hiérarchisent déjà officieusement les diplômes universitaires (il suffit de demander aux étudiants de Dauphine leur avis sur la question)

La société est ainsi faîtes que l'étudiant bénéficiant de moyens, de réseaux et d'introductions comptera moins sur ses compétences intrinsèques que sur les recommandations pour s'élever socialement alors que l'autre, sans relation ni possibilité financière, si par bonheur il arrive à exceller dans un système universitaire où l'on cultive l'échec, aura les plus grandes difficultés à émerger car noyer dans la masse.

Ainsi, contrairement à une idée largement répandue, la sélection est une chance pour les étudiants. Elle seule est garante de l'égalité des chances alors que le système actuel, égalitariste, rend extrêmement difficile l'ascension sociale par l'imperméabilité des couches de la société.